8 Octobre 2014
Au début des années 60, alors que la vague Yéyé balaie tout le paysage musical français, Dalida, qui a déjà acquis son statut de vedette confirmée résiste. Mais la bataille est rude ! Les nouvelles vedettes, que l'on qualifie de "teenagers", s'appellent Johnny Hallyday ou Sylvie Vartan. Elles maîtrisent le twist et adaptent tous les succès qui font un tabac de l'autre côté de l'Atlantique.
Le twist ne plaît pas beaucoup à Dalida, elle se fera d'ailleurs plus discrète le temps que les Yéyés s'éclipsent. Elle enregistrera cependant quelques chansons à cette mode, afin de prouver à ses détracteurs que sans Lucien Morisse, elle parvient toujours à séduire le public. En effet, une année auparavant, elle demandait le divorce à celui qui avait bâti sa carrière en 1956. Les disques enregistrés durant cette période présentent une Dalida moins exotique qu'auparavant. Fini le temps des chansons d'amour à l'italienne, place aux adaptations de standards outre-atlantiques, au rock, au loop de loop, au twist et au cha-cha-cha !
Bien que boudée par le magazine "Salut les Copains" de par sa figure d'aînée dans la nouvelle génération yéyé, Dalida demeure l'une des championnes du disque en Europe et attire les foules lors de ses concerts.
En 1962, Dalida inscrit un 45 tours à la première place du hit-parade. La chanson phare du disque est une.... marche militaire ! Surprenant en pleine vague yéyé ! C'est la sortie du film "Le Jour le plus long" et Eddie Barclay obtient l'exclusivité pour les paroles de la chanson, sur une musique de Paul Anka. Dalida est alors en tournée en province, Eddie Barclay l'appelle et la fait revenir sur Paris une fois le gala terminé. Elle enregistre de nuit la chanson et repart. Qui a dit que la vie de chanteuse était de tout repos ? La chanson fera l'objet d'un scopitone, réalisé par Claude Lelouch, où l'on retrouve Dalida, en forêt, un casque sur la tête en entonnant l'hymne des Alliés. Le clip contient également des images du débarquement de Normandie du 6 juin 1944. La chanson devient rapidement un succès incontournable de la chanteuse durant les années 60. On retrouve le titre sur les diverses compilations Barclay. Dalida sera même accueillie au "Palmarès" de Guy Lux après sa tentative de suicide en 1967 pendant que l'orchestre joue Le Jour le plus long.
Scopitone du "Jour le plus long".
Sur la seconde face du 45 tours, Dalida propose une ballade : Que sont devenues les fleurs?. La preuve qu'au milieu des blousons de cuir, Mademoiselle Bambino parvient toujours à envoûter le public. Where are all the flowers gone?, écrite par Pete Seeger dix ans plus tôt, est une chanson qui dénonce la guerre. La version allemande reste également dans les mémoires grâce à l'interprétation de Marlène Dietrich, Sag mir wo die Blumen sind?.
Le jour le plus long et Que sont devenues les fleurs?, avec Je l'attends et Petit éléphant twist, composent l'un des supers 45 tours les mieux vendus par Dalida dans la décennie, et ce grâce aux deux titres dont il est question dans cet article. Ce disque bien connu a pourtant bien failli ne pas obtenir le succès démontré. Initialement, ce sont deux autres titres méconnus, Mi carinito et Toutes les nuits qui devaient être gravés sur le disque à la place des deux succès. En effet, certains supers 45 tours parus successivement présentent, dans le récapitulatif discographique au verso, la référence du disque avec les deux chansons ci-dessus.
En ce qui concerne l'album, au contraire du Jour le plus long, Que sont devenues les fleurs? aura sa place sur le nouveau 33tours 25cm de la chanteuse, édité dans plusieurs pays, dont la France, le Canada ou l'Italie.
En 1974, Dalida réinscrira la chanson à son tour de chant donné à l'Olympia devant un public ravi de réentendre cette belle mélodie.
Toutes deux sont finalement citées dans le medley disco Ca me fait rêver en 1978.
Le 25 novembre 1962, Dalida apporte un air printanier en plein automne lors de l'émission "Discorama".
Dalida a enregistré la chanson en français et en italien : Chi mai lo sa?. Voici ci-dessous les singles produits dans les deux pays. Au verso du disque italien, un petit texte mérite d'être traduit : "Depuis quelques années déjà, Dalida fait parler d'elle. Si l'on parle d'elle à chaque disque, c'est parce que chacune de ses interprétations est un succès. Et l'on parlera d'elle encore longtemps, parce qu'il s'agit d'une artiste authentique qui n'est pas sujette aux caprices de la mode comme certaines autres. Dans le disque que vous vous apprêtez d'écouter, Dalida chante "Piccolo elefante", un twist gracieux tiré du film "Hatari!" et "Chi mai lo sa?", la version italienne du magnifique "Where are all the flowers gone?", qui en français "Que sont devenues les fleurs" a permis à Dalida de réaliser un de ses plus grands succès discographiques"