11 Avril 2015
Dalida sous l'objectif du photographe Merson lors du shooting photo en vue de la promotion de l'Olympia.
1964. La vague Yéyé s'essouffle peu à peu, et Dalida, dont le succès ne dément pas depuis plusieurs années, part à la rencontre de son public en province à l'occasion de la célèbre course cycliste "Le Tour de France". Les Français se massent alors le long des routes de l'épreuve afin d'observer le duel Anquetil-Poulidor et viennent applaudir Dalida le soir sur les places publiques des différentes villes étapes, qu'il fasse soleil ou qu'il pleuve. C'est plus de 29'000 kilomètres que la chanteuse aura parcouru, non pas à vélo mais à bord de la caravane de la station radiophonique Europe 1. Au même titre que les coureurs cyclistes, la chanteuse accomplit une réelle performance physique... et vocale puisque durant le tour elle aura interprété plus de 2000 fois ses chansons!
En 1968, pour les besoins d'une émission télévisée de Guy Lux, Dalida joue les coureurs cyclistes en compagnie de Raymond Poulidor. En 1967, Jacques Anquetil vient applaudir Dalida faisant son émouvant retour à l'Olympia après sa tentative de suicide.
Le 13 août 1964, c'est devant le public de Draguignan que se produit pour la première fois la "nouvelle Dalida". Fini le temps de l'orchidée noire, la chanteuse apparaît en... blonde ! Dalida adoptera définitivement cette couleur, à la base réalisée pour les exigences d'un film western qu'elle ne tournera finalement pas. Elle se rend à Biot pour suivre quelques cours d'équitation, bien que la chanteuse avait déjà expérimenté les joies du cheval trois ans auparavant avec son amant Jean Sobiesky en Camargue.
En septembre, la chanteuse regagne la capitale. Du 3 au 21 septembre, elle ravit à l'Olympia son public parisien, parmi lequel des personnalités : Johnny Hallyday, en uniforme et en permission, qui est venu tout droit de la caserne d'Offenburg en compagnie de sa fiancée Sylvie Vartan, Charles Aznavour, qui lui a écrit pour son nouveau tour de chant La Sainte Totoche, Françoise Hardy, le secrétaire du Parti communiste Waldeck-Rochet ou encore Théo Sarapo, que Dalida a épaulé après la mort de son épouse Edith Piaf. La première partie de son spectacle est assurée par Claude Nougaro.
Parmi les chansons de cet Olympia, La Sainte Totoche mérite tout particulièrement que l'on s'y attarde un peu. Le XXème siècle est incontestablement celui de l'émancipation de la femme. Cette dernière acquiert peu-à-peu dans les pays occidentaux le droit de vote, elles peuvent enfin porter des pantalons (détail qui parait insignifiant mais qui fut un véritable tournant dans l'histoire), elles peuvent également se lancer dans la vie professionnelle et gagner un salaire tout comme Monsieur... Mais tout n'est pas encore gagné pour les femmes et Dalida, à travers cette chanson d'Aznavour, se met à juste titre dans la peau d'une femme qui semble réduite à sa seule fonction d'épouse au foyer, abusée par un époux volage qui ne s'en soucie guère.
Aznavour et Dalida s'appréciaient énormément. Le grand Charles lui rendra hommage quelques années après sa disparition avec une chanson intitulée "De la scène à la Seine".
Quelques extraits de son tour de chant à l'Olympia 1964, mis en ligne par le forum Dalida International.
Parmi les invités VIP de la première générale le 4 septembre, Dalida a tenu à ce que soient présents des routiers dont elle avait fait connaissance quelques jours auparavant lors d'un buffet campagnard à Pont-sur-Yonne. Ces derniers lui avaient proposé en pleine dégustation de charcuterie et de vin rouge de conduire à bord de leurs camions les prestigieux invités de la chanteuse jusqu'au boulevard des Capucines.
C'est un réelle ovation pour Dalida, qui apparaît plus douce plus que jamais, les cheveux plus clairs, le maquillage discret, une petite robe rose de chez Balmain qui laisse découvrir des jambes parfaites. Le journaliste Antoine Blondin confiera : « Je la croyais brune et plantureuse, elle est blonde et plutôt frêle ». Témoignage de la métamorphose de la chanteuse. Sa loge sera recouverte de fleurs et de télégrammes L'interprète présente ses dernières chansons, dont celles composant son ultime EP 45 tours : Là il a dit, Ne lis pas cette lettre, Je ne sais plus, Chaque instant de chaque jour, Eux, Je t'aime, La sainte Totoche, Le jour du retour, Ding ding, Ce coin de terre, Que sont devenues les fleurs, Hava naguila, Sois heureux, Ils sont partis, Le jour le plus long ainsi qu'un medley de ses premières chansons.
Celle qui sera consacrée quelques mois plus tard "chanteuse préférée des Français" par l'IFOP part se reposer au Japon, afin de suivre de nouveaux exploits sportifs, ceux des Jeux Olympiques de Tokyo.
Dalida, souriante et plus ravissante que jamais dans une robe rose de la maison Balmain. Ses loges sont envahies de télégrammes et de fleurs, ne demandait-elle pas sur scène: "Que sont devenues les fleurs?"