17 Juin 2015
Pour franchir le cap de l'année 1959, destination New York City pour Dalida et son compagnon et manager Lucien Morisse. Emmitouflée dans un large manteau, la jeune chanteuse pose tendrement devant l'objectif de son amant. La voici dans un premier temps au beau milieu de Rockfeller Center, devant la Statue d'Atlas que l'on devine à peine, puis dans un second temps au cœur de l'effervescence de Manhattan.
Encore jeune vedette à Paris, qui pourrait bien se préoccuper d'elle dans cette gigantesque ville de l'autre côté de l'Atlantique ? Et bien figurez-vous que la jeune italienne native du Caire n'est pas passée complètement inaperçue aux États-Unis depuis le début de sa carrière. Son premier album a même été édité pour le marché américain. Le 26 décembre 1958, Norman Granz, l'imprésario d'Ella Fitzegarld, profite de la venue de Dalida pour lui proposer un contrat de 15 ans à Hollywood. Il n'en fallait pas plus pour séduire la jeune Yolanda, fascinée depuis son enfance par Rita Hayworth et Ava Gardner. Toutefois, Dalida, sans doute apeurée par une nouvelle vie aux USA et trop attachée au public français refuse la proposition.
Il faudra attendre 1978 pour que Dalida, devenue entre-temps icône du disco, se produise sur une scène américaine. La chanteuse s'est métamorphosée, elle est devenue sous l'impulsion de son frère Orlando une véritable show-woman avec danseurs et robes pailletées, tout ce dont les Américains sont friands. Le nouvel imprésario français de Dalida, Roland Ribet, encourage la chanteuse à se produire à New York à l'issu de sa tournée canadienne. Dalida accepte enfin le pari : le Carnegie hall, music-hall le plus prestigieux de la ville, l'attend trois soirs de suite, du 29 novembre au 1er décembre.
Pas besoin de gardes du corps lorsque les policiers new-yorkais offrent leurs services avec le sourire!
Cinq jours avant la première représentation, Dalida arrive à New York et s'installe dans une suite à l'hôtel Park Lane sur Central Park. Comme vingt ans auparavant, c'est dans un épais manteau de fourrure que la chanteuse déambule dans les rues de la Grosse Pomme. Noël approche et elle découvre la ville comme un énorme temple de la consommation. Partout les vitrines des magasins redoublent d’ingéniosité pour attirer les clients. C'est avec émotion qu'elle découvre son visage affiché en grand format sur les murs de la ville, et surtout, son nom clignotant sur un immense panneau lumineux au-dessus de Times Square. Elle peut dorénavant être fière d'avoir marqué New York de son empreinte.
La photo ayant annoncé le dernier spectacle de Dalida donné à l'Olympia illustre également sa venue à New York. Dalida la retrouve affichée un peu partout dans la ville.
Les trois dates affichent complet et la chanteuse apprend stupéfaite que les billets s'arrachent au marché noir. C'est dans trois créations de Michel Fresnay que Dalida apparaît sur scène : un fourreau blanc perlé, le même fourreau mais en noir, puis un fourreau rouge fendu jusqu'à la hanche : d'ordinaire assez pudique dans ses longues robes blanches, elle sort le grand jeu face au public américain! Dalida qui n'a jamais excellé dans la langue de Shakespeare a pris des cours et a le plaisir d'offrir au public son dernier hit The Lambeth Walk ainsi que le célèbre Gigi l'Amoroso en anglais. Le public est très cosmopolite, on y recense bien évidemment des Américains mais aussi des Italiens, des Français, des Grecs... Les spectateurs arabes ne peuvent contenir leur joie lorsque la chanteuse entonne les premières notes de Salma ya salama. Jacqueline Cartier, journaliste chez France-Soir et envoyée spéciale à New York pour l'occasion, dira : « Le triomphe de Dalida, c'est le rêve de l'ONU ». Le show se termine par le nouveau long medley enregistré par Dalida à la sauce disco : Ca me fait rêver. Veuillez trouver ci-dessous des extraits vidéos du séjour new-yorkais de Dalida.
Images de Dalida lors de son séjour à New York et de la première au Carnegie Hall le 29 novembre 1978
La presse aura encensé Dalida. Il n'est pas rare d'entendre ou de lire durant les jours suivants les représentations que jamais une vedette française, depuis Edith Piaf, n'avait connu un tel triomphe à New York. Durant son séjour, Dalida a rencontré le chorégraphe de John Travolta : Lester Wilson. Ce dernier est fasciné par la star et se rendra à Paris une année plus tard pour aider Dalida à réaliser son projet parisien le plus fou : donner un show à l'américaine au Palais des Sports.