21 Mai 2020
Dalida ouvre régulièrement les portes de sa maison de Montmartre aux photographes, comme lors de cette séance photo de 1968 dans une lumineuse robe signée Jacques Estérel.
Tout au long de sa carrière, Dalida a su s'approprier et d'une merveilleuse façon les chansons issues de différents folklores. On se souvient volontiers de Salma ya salama et d'Hava naguila et la portée symbolique de ces deux chansons dans des nations rivales, mais pourtant unies dans leur admiration pour la chanteuse.
L'Egypte, Israël mais aussi la Grèce (Darla dirladada), l'Allemagne (Petruschka) ou l'Espagne (Manuella). Oui... Manuella, vous avez bien lu! Et non Manuel qui est davantage resté dans les mémoires et dont Dalida attend le retour de prison en 1974.
En 1968, la chanteuse rend hommage à une résistante au régime de Franco. Si aucune source n'atteste de la véritable existence de Manuella, le décor n'en demeure pas moins historique: Dalida nous emmène dans l'Espagne agitée des années 30.
Piste audio de la chanson proposée sur YouTube.
Les paroles sont signées Boris Bergman, à qui l'on devra entre-autres Darla dirladada, que nous évoquions plus haut et qui fera une entrée fracassante au hit-parade deux ans plus tard. La mélodie quant à elle est très ancienne, les Espagnols la chantonnaient déjà au début du XIXe siècle lorsqu'ils luttaient contre Napoléon 1er et sa soif de conquête. L'air était alors connu sous le titre Ay Carmela! avant de devenir Viva la quinta brigada, reprise par les Brigades internationales et les Républicains lors des violents affrontements contre le dictateur Francisco Franco dans les années 30. Le musicien Pete Seeger, que les fans de Dalida connaissent pour Que sont devenues les fleurs?, propose un arrangement moderne qui fleure bon l'Espagne et que l'orchestre et les chœurs de Guy Motta subliment pour l'enregistrement de Dalida.
L'un des couplets de la chanson dévoile le talent de conteuse de Dalida, avant même les péripéties de Gigi l'amoroso ou les souvenirs de Mein lieber Herr. La voici qui nous souffle de sa voix chaude, dans un couplet récité: "Mais en 1937, près du café Tranquilidad. Alors que la cinquième brigade doit quitter l'Espagne. Elle périt dans l'embuscade que lui tendait l'ennemi." L'issue de la protagoniste est en effet dramatique, mais comme le souligne la chanteuse: "son action ne fut pas vaine!"
Photo illustrant la première édition de l'album "Le temps des fleurs" sur lequel apparaît "Manuella".
Si la chanson n'a pas bénéficié de sortie sur super 45 tours français, Manuella figure néanmoins sur un album, et pas des moindres: "Le temps des fleurs". Ce dernier sort en 1968 dans de nombreux pays autour du monde et en raison de son fort succès, sera l'objet de plusieurs rééditions tout au long de la carrière de Dalida, permettant ainsi à Manuella de paraître sur plusieurs disques de la maison Barclay.
En format single, seuls un deux titres français dédié aux jukebox, et trois 45 tours parus en Grèce, au Liban et en Turquie sont à signaler. Ce dernier sera même classé au hit-parade turc!